2
Mérit-Neith, premier pharaon d’Égypte 
?

La loi dit : une femme peut être Pharaon

C’est Manéthon, un prêtre de l’époque tardive, qui répartit les pharaons d’Égypte en trente dynasties ; or, il se fait l’écho d’une tradition selon laquelle une loi avait été promulguée dès la deuxième dynastie affirmant qu’une femme avait la capacité d’exercer la fonction royale. Sans grand risque, nous pouvons faire remonter cette législation aux origines mêmes de la civilisation pharaonique.

Vers 3150 av. J.-C. naît la première dynastie, fondée par Ménès, dont le nom fait allusion à l’idée de stabilité ; peut-être le mot Ménès signifie-t-il aussi « untel », ce qui indiquerait que Ménès, le roi « untel », est le modèle et le socle sur lequel s’appuieront les souverains postérieurs.

Nous sommes mal renseignés sur les origines de la civilisation égyptienne, mais nous savons que, dès la première dynastie, la langue hiéroglyphique fut utilisée ; l’étude des rares inscriptions conservées permet de constater que les valeurs fondamentales de l’Égypte pharaonique sont déjà présentes, notamment à travers la personne symbolique du monarque, qui doit unir les Deux Terres et assurer leur prospérité en célébrant les cultes.

Les pharaons de la première dynastie bénéficient de deux sépultures, l’une à Saqqara, site proche du Caire, l’autre à Abydos, en Moyenne-Égypte. Une tombe au nord et l’autre au sud, par conséquent, afin de rappeler que Pharaon devait relier ces deux pôles complémentaires. L’une des deux demeures d’éternité servait à la pérennité du corps lumineux et invisible du monarque, l’autre au repos de son corps momifié.

Et voici l’énigme : une femme, Mérit-Neith, « l’aimée de la déesse Neith », possède la tombe Y à Abydos et la tombe 3503 à Saqqara[7]. Or, seul un pharaon pouvait jouir d’un tel privilège. De plus, ces deux sépultures sont tout à fait comparables à celles des autres souverains de la dynastie. La tombe de Mérit-Neith en Abydos (19 m x 16 m), bâtie au fond d’un puits dont les parois furent recouvertes de briques, est même l’une des plus grandes et des mieux construites du groupe des sépultures royales de cette époque. Entre les murs de briques sont aménagées huit chapelles de forme allongée où étaient entreposés des objets rituels, des vases et des jarres. Sur le sol de la chambre funéraire, une sorte de parquet ; et un toit de bois la protégeait. Ne manquaient pas les stèles érigées à la mémoire d’un pharaon.

À Saqqara comme à Abydos, la dernière demeure de Mérit-Neith est entourée de tombes de fonctionnaires et d’artisans formant sa cour, sans oublier soixante-dix-sept servantes, si l’on peut se fier au rapport de fouilles.

Conclusion : Mérit-Neith est le troisième pharaon de la première dynastie et le premier pharaon femme.

Pourtant, une objection : sur les stèles de Mérit-Neith manque la représentation du faucon Horus, protecteur de Pharaon. Chaque monarque se nommait, en effet, « l’Horus untel. » À notre sens, la présence de la déesse Neith dans le nom de Mérit-Neith peut pallier cette absence ; essayons de comprendre pourquoi.

La première reine d’Égypte et la déesse Neith

Si l’on met à part Ménès, l’ancêtre fondateur, le premier pharaon de la première dynastie fut Ahâ, « le Guerrier ». Son épouse, la première reine d’Égypte, s’appelait Neith-Hotep, « la déesse Neith est en paix ». Un pharaon guerrier, une reine pacifique : sans doute l’expression d’une volonté d’équilibre.

Surtout, nous retrouvons l’énigmatique déesse Neith, qui présida donc aux destinées de la première reine d’Égypte et de la première femme Pharaon. Les textes nous expliquent la raison de ce choix. À la fois vent et inondation, Neith est l’immense étendue d’eau qui fit ce qui est, créa les divinités et les êtres, la grande mère qui rendit les germes féconds ; tout ce qui naquit sortit d’elle. Grande ancêtre qui fut au commencement, elle vint au monde par ses propres moyens, elle, la première mère, à la fois dieu et déesse[8]. Androgyne, aux deux tiers homme et au tiers femme, mâle capable de jouer le rôle d’une femelle et femelle capable de jouer le rôle d’un mâle, Neith créa le monde avec sept paroles. Enfantant sa propre naissance[9], elle fut qualifiée de « père des pères » et de « mère des mères ».

Sous la protection de Neith, une femme de pouvoir est donc une personnalité autonome, d’autant plus que Pharaon lui-même est défini comme une puissance divine grâce aux orientations de laquelle on vit, le père et la mère, unique et sans égal[10].

Pharaon est un couple royal

Père et mère : telle est la nature de Pharaon. Dans l’ordre humain, elle s’exprime par un couple, formé du roi et de la reine. Atoum, le principe créateur, affirme : « Je suis Il-Elle[11] » ; il s’unit d’ailleurs à sa propre expression féminine, Atoumet, symbolisée par un serpent.

La constatation est d’importance : c’est un couple qui gouverne l’Égypte, analogue au premier couple divin formé de Chou et de Tefnout, parfois symbolisé par un couple de lions. Il n’existe aucun exemple de pharaon mâle célibataire, car une grande épouse royale est indispensable pour célébrer les rites et maintenir les liens entre le ciel et la terre. En revanche, comme nous le verrons, un pharaon femme n’a pas besoin de mari humain ; elle porte en elle-même le principe mâle, comme Isis portait Horus. Mais elle demeure Pharaon, « père et mère ».

Les reines participèrent de manière effective au gouvernement du pays ; loin d’être des « première dames » effacées et sans consistance, elles devaient remplir des fonctions de femmes d’État et furent choisies en fonction de leur aptitude à s’en acquitter. C’est pourquoi les textes vantent autant leur sens de l’autorité que leur beauté.

Nous sommes loin d’un quelconque féminisme ; c’est le rôle spirituel de la femme, sa participation active à la création en esprit qui sont mis en valeur et en pratique. Depuis la disparition de l’institution pharaonique, l’idée fut perdue, et l’on peut parler de régression plutôt que de progrès.

Une reine au gouvernail

Les fouilles archéologiques ont ramené au jour plusieurs sépultures de femmes des premières dynasties, reines, mères de rois ou personnalités de la cour ; ces découvertes prouvent à la fois le respect accordé à la femme et sa position éminente dans les hautes sphères de l’État.

L’une de ces reines, épouse du dernier pharaon de la deuxième dynastie (vers 2700 av. J.-C.), mérite une mention particulière : Ny-hépet-Maât, « le gouvernail appartient à Maât », considérée comme l’ancêtre de la troisième dynastie. Bien que nous ignorions tout d’elle, son nom est révélateur.

Si nous évoquons parfois « le char de l’État », les Égyptiens préféraient dire « le navire de l’État », le Nil étant le fleuve nourricier et la grande voie de circulation. Qu’une reine soit envisagée comme « le gouvernail » démontre qu’elle est capable d’orienter correctement le bateau. Surtout, elle est assimilée à la déesse Maât, qui est la base même de la civilisation égyptienne[12]. On peut traduire le mot Maât par « Règle », à condition d’y inclure les idées d’ordre universel, d’harmonie cosmique, d’équilibre éternel de l’Univers, de justesse céleste inspirant la justice humaine, de rectitude, de solidarité entre les êtres vivants, de vérité, de juste répartition des devoirs, de cohésion sociale, de sagesse. Maât porte sur la tête une plume, la rectrice, qui permet aux oiseaux de diriger leur vol ; c’est elle, aussi, qui inspire l’action quotidienne de Pharaon. Son rôle premier, en effet, est de mettre Maât à la place du désordre et de l’injustice, en luttant contre les défauts inhérents à l’être humain : l’oubli, la paresse, la surdité à l’égard d’autrui, l’entêtement aveugle et l’avidité. Pharaon doit dire et faire Maât, de sorte que l’État soit le juste reflet de l’harmonie cosmique. C’est pourquoi, comme l’a démontré Assmann, Pharaon, sujet de Maât et serviteur de son peuple, ne peut être un tyran ; chargé de protéger le faible contre le fort et de combattre les ténèbres, il est le lien qui assure la cohésion entre les humains, et le lien entre la communauté des hommes et les puissances créatrices. N’est-ce pas cette conception grandiose, mais effective, qui permit à l’institution pharaonique de durer pendant trois millénaires ?

Au regard de l’historien, la reine Ny-hépet-Maât, de même que Mérit-Neith, n’est qu’une ombre insaisissable ; mais, par leurs seuls noms, ces femmes incarnent la grandeur de l’aventure égyptienne et nous en donnent les clés. Que Maât soit une déesse, que les reines d’Égypte soient ses incarnations terrestres, n’est-ce pas confier à la femme la plus vitale des responsabilités ?

 

Les égyptiennes
titlepage.xhtml
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_034.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_035.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_036.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_037.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_038.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_039.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_040.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_041.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_042.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_043.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_044.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_045.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_046.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_047.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_048.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_049.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_050.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_051.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_052.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_053.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_054.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_055.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_056.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_057.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_058.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_059.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_060.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_061.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_062.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_063.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_064.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_065.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_066.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_067.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_068.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_069.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_070.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_071.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_072.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_073.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_074.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_075.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_076.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_077.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_078.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_079.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_080.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_081.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_082.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_083.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_084.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_085.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_086.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_087.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_088.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_089.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_090.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_091.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_092.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_093.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_094.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_095.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_096.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_097.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_098.html
Jacq,Christian-Les egyptiennes(1996).French.ebook.AlexandriZ_split_099.html